COVID-19 : Quand les technologies utilisées en enseignement causent de l’anxiété


Ce n’est pas parce que les jeunes sont souvent sur les réseaux sociaux qu’ils sont à l’aise avec les technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement (TICE). En fait, ces dernières causent de l’anxiété à une proportion importante de la population étudiante du collégial, ce dont témoigne une étude en cours dirigée par Paul Turcotte, enseignant au Cégep du Vieux Montréal et chercheur au Centre de recherche pour l’inclusion des personnes en situation de handicap (CRISPESH).

La pandémie de COVID-19, qui impose l’enseignement à distance, est venue exacerber cette anxiété, au point qu’elle touche maintenant la majorité de la population étudiante. « L’implantation désordonnée et rapide d’une multitude de plateformes d’enseignement à distance ainsi que la présomption que les jeunes maîtrisent ces outils ont augmenté la peur liée à l’utilisation des TICE, qui était déjà présente avant la pandémie », précise Paul Turcotte.

Dans le cadre du Programme d’aide à la recherche sur l’enseignement et l’apprentissage (PAREA), le chercheur et son équipe avaient entrepris en 2019 d’étudier les effets de l’usage des TICE sur l’anxiété lors des études collégiales. « Nous avions comme hypothèse que l’implantation des TICE, en lien avec le Plan d’action numérique en éducation et en enseignement supérieur, pouvait jouer sur l’anxiété que vit un nombre toujours croissant de jeunes au cégep ».

L’équipe de recherche, qui inclut des étudiantes et étudiants partenaires, avait conçu un questionnaire papier et organisé des groupes de discussions pour déterminer le rôle des TICE dans l’anxiété ressentie, particulièrement en formation préuniversitaire. Puis la COVID est arrivée avec ses défis, mais également ses points positifs. Les questionnaires ont notamment dû être informatisés : une charge de travail supplémentaire qui, à terme, permet une meilleure comptabilisation des données. « Le nombre d’étudiantes et d’étudiants souffrant d’anxiété a soudainement augmenté et nous avons décidé de généraliser notre étude à toute la population collégiale. Nous recevons des réponses plus significatives, car les jeunes nous disent précisément par quoi leur anxiété est générée », signale Paul Turcotte.

La surcharge d’informations, par exemple, est un élément anxiogène. « Nous recevons beaucoup de messages et de notifications à toute heure du jour, de la part de plusieurs professeurs », raconte Thomas Dupuis, un étudiant partenaire. L’analyse des groupes de discussions révèle aussi que la multiplicité des plateformes et les examens à distance engendrent beaucoup de stress.

Selon Marianne Dépelteau, une autre étudiante partenaire, les cours asynchrones – sans interaction en temps réel – peuvent être un problème. « Dans certains cours, on ne voit ni la personne qui enseigne, ni la classe, ça rend la communication très difficile ».

Même si l’analyse des résultats n’est pas terminée, Paul Turcotte peut déjà prodiguer quelques conseils pour diminuer l’anxiété causée par les TICE. « Il ne faut pas créer de mur opaque entre l’enseignante ou l’enseignant et les jeunes. Il est nécessaire de mettre en place des modalités de communication dans lesquelles c’est la personne qui prime, pas la technologie. Pour ce faire, il faut commencer par définir les besoins et les limites de la population étudiante et du personnel enseignant. C’est la base sur laquelle il est possible de construire une meilleure communication et de rechercher, ensemble, un juste équilibre. »

— Article du Conseil supérieur de l’éducation

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